Saphirs de platines endommagés par la dyna- mique de leurs 45trs, salles incendiées et rendues suffocantes par une débauche d’énergie à faire rouler un train, c’est pilotés par un funk abrupt et viscéral que laissent les traces brûlantes de leurs passages.
Après une décennie à exercer, c’est avec une autre vision musicale qu’ils ont abordéSweet Rewards, leur première collaboration avec Underdog Records.
Ce sillon des scènes garage 60’s où le rock joue des coudes, ils auraient pu le labourer encore et toujours. Mais The Buttshakers ont décidé d’en sortir pour revenir à une soul qui ne s’en remettrait plus à l’énergie pure pour tout enfoncer sur son passage. Une soul qui se concentrerait sur la qualité de l’écriture, de la composition et de l’interprétation.
Dépassant les limites imposées par leur pourtant percutante formation à six voix-basse-batterie-guitare- trombone-sax baryton, ils ont alors donné l’accès du studio à percussions pour du vice dans l’arrière-mix, cuivres supplémentaires pour section plus massive, clavier à nappes psychédéliques, slide-guitar et à tout ce qui viendrait concrétiser leurs idées et donner du relief à leurs productions.
Figure de proue, la bouillante et soulful Ciara se retrouve pour la première fois épaulée de choeurs. L’occasion pour elle de quelques call & response, porte ouverte sur le gospel son enfance à Saint-Louis (Missouri), héritage encore vibrant de cette ville qui l’a bercée de jazz, de blues, mais aussi de country et de folk. Parfaite dans l’intimité d’un jeu de cordes comme dans la vélocité d’un funk nerveux pilonné aux cuivres. Idéale dans une soul où rien ne se lâche en bloc, mais s’apprécie dans une lente et progressive montée d’arrangements et d’émotions.Les détails se révèlent alors au fil des écoutes, comme une manche de laquelle on pourrait sortir plus d’as qu’un jeu classique en comporte
Lessons In Love
Paru le 24 octobre 2025
Leurs racines musicales profondément immergées dans la terre fertile de la musique afro-américaine, les Buttshakers y ont trouvé une nouvelle orientation pour leur soul. Avec Lessons In Love, leur 3ème album chez Underdog Records, l’explosivité s’est effacée au profit d’une retenue auréolée de blues. Guidés par leur chanteuse Ciara Thompson, les Buttshakers ont pris une route plus intimiste dont la boussole, dans le chaos des sentiments ou de celui du monde moderne n’indique qu’une direction : celle de la lumière.
Vue du ciel, l’étendue apparaît comme sans limite. Accentuées par le soleil, les teintes ocres et sableuses ne font que renforcer ce sentiment d’immensité. Le vert y ressort dans un contraste frappant. Dans des tons plus clairs s’y dessine une route au tracé sans virage ni détour. Celle de la soul, que The Buttshakers empruntent à chaque album, là où il est rare d’y croiser des groupes français
Vastes, si ces grands espaces sont l’endroit le plus propice pour y développer la furie organique et habituelle qui est la leur, les Buttshakers ont néanmoins choisi d’y évoluer d’une manière différente. D’emprunter une autre route.
L’une agitée de considérations sociales, l’autre purement sentimentale, avec Lessons In Love, ces deux voies de la route soul qui se regardent et se croisent, finissent par se confondre pour ne faire plus qu’une et devenir à elle seule un périple.
Une route qui fait se rejoindre l’agitation d’un monde où les bonnes intentions ne dépassent jamais le stade de l’indignation numérique, et la foi en l’amour qui, quelque soit la manière dont il se manifeste et s’exprime, reste la seule valeur qui ne perd jamais son pouvoir. Moins d’énergie et plus de retenue, en contournant la confrontation directe pour privilégier la suggestion de l’explosion plutôt que de la laisser se produire, c’est dans les non-dits des rugissements désormais tempérés de Ciara Thompson que s’inscrivent en filigrane, émotions et ressentis différents. Voire nouveaux.
Le regard porté sur l’horizon et l’esprit invité à suivre la guitare acoustique de Gotta Believe pour une balade intimiste, le temps de Dream On, les Buttshakers emportés par un riff de clavinet et le saxophone possédé, renouent avec la nervosité des villes et le mal famé des juke-joints. Les sens modifiés par le philtre vaudou distillé par la guitare de Trouble Waters, c’est les corps amenés sur la piste par les cuivres et l’orgue qui sont mis à rude épreuve par Sure As Sin et sa rythmique irrépressible.
Le passage dans les nuages de poussière et de sable a laissé dans leur groove une empreinte blues. Les miles parcourus sont devenus des centaines puis des milliers. Ensorcelés par le halo de mystère qui entoure désormais l’interprétation de Ciara, les dix titres ont laissé le jour s’éteindre. Mais certainement pas l’espoir.
Comme le tournesol qui trouve toujours les ressources pour continuer à s’épanouir en se tournant vers les rayons du soleil, les Buttshakers ont, eux aussi, laissé leurs racines s’immiscer en profondeur. Dans les strates de la musique afro-américaine des années 60-70, pour en capter l’esprit autant que l’esthétique musicale. Dans les méandres de l’âme jusqu’à y rencontrer ces sentiments qui préfèrent se cacher dans les zones d’ombre. Mais, dans les coeurs les plus asséchés comme dans un monde endommagé, Lessons In Love décèle le plus infime faisceau pour le faire devenir lumière qui irradie leur route.
Arcadia
Paru le 5 novembre 2021
| La touche “rewind” enclenchée ramène la bande de plusieurs tours en arrière et, avec elle, les Buttshakers. De celui du studio d’enregistrement, le décor est passé à celui de l’Amérique que Ciara Thompson a quittée pour venir s’établir en France, à Lyon. Débarrassée du voile idéaliste de son enfance, cette Amérique, son Amérique, lui apparaît désormais dans sa réalité la plus crue : minée par la violence et le racisme, les rues devenues le domicile de ceux qui n’en ont pas. |
Not in My Name
Paru le 16 août 2021
Le texte de « Not In My Name” est dans la continuité de « Back in America”. Là où BIA dépeignait l’illusion de la réussite à l’américaine , NIMN jette un regard sur l’Amérique post-Trump. Les gens ont de l’espoir, et nous avons des raisons d’en avoir. Mais cette chanson dit : « ce n’est pas assez ». Et ce constat est également inspiré de la sphère médiatique, que ce soit en Amérique, comme dans le reste de l’occident où les « fake news » et « cancel culture » brouillent les pistes et permettent aux politiciens comme aux médias de manipuler par la peur et le sensationnalisme.Le son du morceau est lourd et funky avec des cuivres, comme les JBs, pour symboliser ce cri étouffé.Cette chanson « coup de poing » est une version moderne du « pouvoir au peuple » et réclame : Justice et paix.
Sweet Rewards
Paru le 9 février 2018
Après une décennie à exercer, c’est avec une autre vision musicale
qu’ils ont abordé Sweet Reward, leur première collaboration avec
Underdog Records.
Ce sillon des scènes garage 60’s où le rock joue des coudes, ils
auraient pu le labourer encore et toujours. Mais The Buttshakers ont
décidé d’en sortir pour revenir à une soul qui ne s’en remettrait plus à
l’énergie pure pour tout enfoncer sur son passage. Une soul qui se
concentrerait sur la qualité de l’écriture, de la composition et de
l’interprétation